01/08/2021
Démystifier le terme "prédateur" pour mieux l'appréhender est essentiel afin de ne pas porter de jugement délétère envers son animal de compagnie.
Il existe 3 besoins essentiels à la survie de l'espèce qui sont communs à l'être humain, au chat et au chien. Je vous propose de lire la suite de cet article pour en savoir plus !
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La survie de l'espèce, qu'elle soit chez l'homme moderne (homo sapiens), chez le chien domestique (canis lupus familiaris) ou chez le chat domestique (felis silvestris catus) est régie par 3 besoins vitaux qui sont : « La reproduction, les interactions sociales et la prédation ».
Je me concentrerai ici sur la prédation sans rentrer dans des détails trop complexes afin de ne pas vous perdre ! Pour en savoir plus sur la prédation et l’agression (qui sont 2 comportements très différents que l’on confond souvent), je vous propose de lire mon livre « Mon chien est agressif – mode d’emploi » afin de mieux en comprendre les causes et de mieux adapter les solutions pour y remédier.
Tout d'abords, il faut savoir qu’un individu qui prédate n'est pas forcement mauvais ou méchant car il a recours à cette activité. C’est un besoin vital qui sert à se nourrir pour rester en vie.
Pourquoi est-ce un besoin essentiel ?
L’être humain moderne n’est plus le chasseur-cueilleur d’antan mais il doit gagner son pain pour subvenir à ses besoins (et ceux de sa famille). A notre stade de l’évolution humaine, on retrouve une prédation élaborée qui s’exprime à travers des activités comme le jeu, le sport, des hobbies passionnants (…) dont on se délecte et qui procurent une satisfaction salutaire. Cela ne veut pas dire pour autant que les personnes pratiquants ces activités sont dangereuses, malsaines ou sadiques.
Expliqué comme ceci, on comprend mieux le terme "besoin vital" et l’importance de ne pas porter de jugement envers celui qui pratique la prédation. Tout est une question d’équilibre, de limite et de diversification.
Certains chiens et certains chats ont un besoin de prédation plus important que d’autres. Les raisons sont multiples et très individuelles. On peut y retrouver les raisons suivantes mais la liste ci-dessous n’est pas exhaustive.
Que traduit le besoin de prédater ?
En synthétisant, je dirais que la prédation est un indicateur de certains besoins (sous le coup de l’impulsion) qui permettent d’extérioriser un trop-plein émotionnel. A contrario, la prédation est un indicateur du besoin de faire le plein de « quelque chose » pour se remplir physiquement ou psychologiquement afin de se réguler et d’apporter à son corps et à son esprit, la nourriture dont il a besoin pour survivre ou pour mieux vivre.
Il est indiqué de porter une grande attention à un animal qui détruit, déchire ou mâchouille beaucoup. Il faut également être vigilant envers ceux qui ingèrent vite ou en grand volume leur nourriture (comportement compulsif) ou qui ingèrent toute sorte d’objets (PICA) et/ou de végétaux & minéraux (herbes, plantes, terre …). Idem pour les chiens ou les chats qui partent à toute vitesse sur une masse ou un objet en mouvement (jambes, vélos, oiseaux…).
En ce sens, il est important de ne pas minimiser les réactions d’un individu qui présente un comportement de prédation. Il faut évaluer (noter) les raisons qui pourraient engranger un mal-être chez lui en reprenant la liste des raisons exposées au-dessus. Puis il faut se demander selon sa race et sa personnalité propre (génétique, apprentissages et expériences passées), quels seraient les leviers qui l’aideraient à réguler ses besoins afin de lui apporter l’assouvissement dont il a besoin pour que son comportement de prédateur soit plus pondéré.
Comment faire baisser les réactions exacerbées liées à la prédation ?
Des biais alternatifs existent et ne nécessitent pas forcement de condamner une proie en la laissant à la merci du prédateur tueur. Pour trouver ceux qui apporteront le meilleur apaisement, il faut bien connaitre les phases de la prédation et les préférences de l’individu afin de le rediriger vers des activités adaptées. Il est également important de travailler sur la régulation neurochimique afin d’influer sur la canalisation, la motivation, la baisse de l’impulsivité, le retour au calme, la sensibilité et la stabilité émotionnelle du prédateur (…).
Rien ne sert d’accabler ce dernier car la prédation est dictée par des circuits neuronaux spécifiques qui ne passent pas par les zones cérébrales impliquées dans l’empathie. A certains moments de la prédation (notamment en phase consommatoire), d’autres réactions automatisées (activées par le stimulus déclencheur) sont liées au fonctionnement mécanique du cerveau (production d'hormones spécifiques sous influence du cerveau reptilien) associé aux acuités sensorielles de l'animal et à ses réponses physiologiques. Tout ceci met l’individu dans un état dit « second ». Dans cet état, l’animal est déconnecté et ne peut ni rationnaliser ni répondre correctement aux sollicitations de son environnement social. Il n'est plus à l'écoute des autres et il n'est plus contrôlable pendant ces moments.
Il est donc important d’anticiper ces phases de déconnexion, de conditionner l’individu pour garder son attention dans les contextes pré-déclencheurs et de répondre correctement à ses besoins spécifiques à travers des biais compensatoires pour tenter d’équilibrer la balance interne « bien-être/mal-être » de l'animal afin qu’il n’en ressente pas un besoin indéfectible de prédater.
Que retenir des animaux qui pratiquent la prédation ?
En conclusion, la prédation n’est pas un gros mot et les prédateurs ne sont pas forcement des psychopathes avides de sang. Il ne faut pas oublier que ce comportement est naturel, qu’il est partagé par les humains, les chiens et les chats car il est vital à la survie de leur espèce respective. Rien ne sert de juger car il faut comprendre le sens des réactions de tout être vivant pour l’appréhender dans son individualité. Il faut principalement les accepter comme ils sont et les aider à refreiner cet instinct primaire s’il devient compulsif (trop fréquent) et dangereux pour eux-mêmes et leur environnement.
Si vous avez un animal présentant un comportement exacerbé de prédation et que vous avez besoin d’aide pour en prévenir les effets délétères, n’hésitez pas à contacter un professionnel qui vous expliquera les causes de ses réactions et vous indiquera les biais et activités redirectrices adaptées pour pondérer ou répondre correctement à ce besoin .
Article rédigé par Valérie Cantaloube (comportementaliste pour chien & chat).