10/05/2020
La date est officielle, dès aujourd’hui « 11 Mai 2020 », nous allons progressivement reprendre le cours de notre vie d’avant. Cette période nous a éprouvée. Les notions d’incertitude, de danger mortel, de retombées économiques et sociales ont fait surgir la peur et l’angoisse chez beaucoup d’entre nous. Un ressenti de mal-être et de méfiance s’est installé parmi nous.
Pour éviter d’être impacté par une situation difficile comme celle que nous vivons en ce moment, il faut pouvoir la prévoir et la contrôler. Or, cela semblait impossible face à ce virus inconnu. Heureusement plus les semaines passent et plus cet ennemi dévoile son mode de fonctionnement et ses failles. Nous pourrons ainsi en venir à bout et c’est un soulagement de pouvoir se dire cela ! Pour se prémunir des ressentis négatifs (peur, stress, angoisse …) qui ont pu nous envahir ces derniers temps, il faut réussir à relativiser, à lâcher prise et à objectiver pour trouver des solutions cohérentes afin de faire face à la situation inédite qui se présente à nous.
Cette introduction s’imposait pour vous expliquer pourquoi la vie de nos animaux de compagnie n’est pas toujours aussi facile que l’on croit. Malgré toutes les contrariétés que nous avons subies, cette page de notre histoire nous a également permis de tirer des leçons de vie. La sagesse, la solidarité, l’espoir, le respect sont des notions bénéfiques qui ont été très présentes ces derniers temps et nous ont fait du bien.
Mais la frustration et la peur étaient présentes également. Le sentiment d’une liberté bafouée (un mal pour un bien certes) ; L’isolement et l’impossibilité d’être avec sa famille, ses amis pour se réconforter ; L’incertitude du lendemain (Vais-je avoir de quoi manger ? De quoi me laver ?) ont fragilisé notre équilibre.
Beaucoup de nos besoins fondamentaux ont été perturbés. Le besoin de pratiquer ses passions, ses hobbies pour se défouler et s’exprimer (sports et activités communes par exemple), le besoin d’explorer et de découvrir (les voyages, les randonnées…), le besoin de partager et d’apprendre (l’école, les formations en tout genre) sont des exemples concrets et actuels. Mais malgré l’impact psychologique palpable que cette expérience de vie a provoqué, nous savons TOUS qu’elle aura une fin. Nous pouvons ainsi nous raisonner et nous rassurer. Nous pouvons apporter un peu de contrôle sur ces émotions douloureuses de peur et d’angoisse afin de ne pas sombrer dans un état de mal-être profond.
Avez-vous remarqué les mots que j’ai notés en couleurs ? Relisez-les et vous comprendrez pourquoi je souhaitais écrire cet article aujourd’hui. Ce confinement est une aubaine pour permettre de comprendre le quotidien de nos animaux de compagnie. Eux vivent avec les contraintes évoquées ci-dessus tout au long de leur vie. La peur, la frustration, l’équilibre émotionnel, les ressentis négatifs et positifs, les besoins fondamentaux, la sécurité, le contrôle sur une situation (...). Tout ce petit cocktail d’expériences, de rencontres, d’apprentissages, de liens sociaux, d’exutoires sont indispensables pour tous les êtres vivants dotés de sensibilité. Je parle là de tous les animaux qui nous entourent et plus particulièrement de nos animaux de compagnie.
Nous avons un contrôle quasi-total sur la vie de nos chiens et nos chats et nous nous devons de nous demander si cela est une bonne chose pour eux. Le contrôle sur la nourriture que nous leurs donnons (qualité, quantité et fréquence des repas), sur leur sommeil (le lieu, le couchage imposé, la sécurité), les activités (les jeux, la prédation, les apprentissages), les relations sociales (balades et jeux avec des copains mais également familiarisation avec les espèces qui ne sont pas les leurs). N’oublions pas qu’un humain ne parle ni chien ni chat. Nous créons un langage commun avec nos animaux (des rituels, des intonations de voix, une gestuelle …). Mais rien n’est inné et les erreurs de compréhension sont fréquentes.
Répondre aux besoins fondamentaux d’un animal c’est respecter les besoins propres de son espèce, de sa race en particulier et SURTOUT les besoins spécifiques de l’individu. Chacun est unique. Nous ne sommes ni notre frère ni notre sœur. Nous ne sommes ni notre père ni notre mère. Nous avons nos propres ressentis émotionnels, nos propres capacités d’apprentissage. Ainsi nos motivations et nos besoins ne sont pas identiques à ceux des autres. Nous sommes tous différents et nous devons tous essayer de nous adapter tant bien que mal à une société commune en faisant de notre mieux. C’est exactement la même chose pour les animaux.
Un esprit sain dans un corps sain est indispensable pour être en harmonie avec soi-même et les autres ! La privation et la frustration ne permettent pas d’apporter un équilibre émotionnel et peuvent provoquer un mal-être chez nos animaux. Ce mal-être qui n’est pas forcement palpable de prime abord est délétère pour l’animal et des troubles physiques ou psychologiques peuvent apparaitre (Maladies causées par le stress et l’anxiété, agression, déprime, hyperactivité, destruction, peur...).
Il est important de respecter les besoins de chaque animal en évitant les privations. Je vous en propose une liste non exhaustive pour mieux comprendre de quoi je veux parler.
Et voici quelques questions que nous pouvons nous poser pour savoir si nous n’appliquons pas involontairement des privations à nos animaux de compagnie.
La liste de tous ces « pourquoi » est longue et il est important d’observer l’animal afin de savoir si les conditions de vie et l’environnement qui lui sont proposés sont en adéquation avec ses besoins fondamentaux.
Comme vous l’aurez compris, l’expérience de confinement que nous avons vécue ces dernières semaines nous a permis de ressentir pour certains d’entre nous, des émotions et des sentiments liés à l’impossibilité de vivre comme nous le souhaitons. La privation d’un certain nombre de nos libertés, la promiscuité et l’impossibilité de contrôler sa propre existence sont des facteurs anxiogènes qui agissent sur le bien-être et l’épanouissement personnel. C’est exactement la même chose pour les animaux. Il était donc nécessaire pour moi (en qualité de comportementaliste) de pouvoir écrire ce message afin d’éveiller les consciences de certains et d’échanger à ce propos avec tous ceux qui le souhaiteraient.
Auteur : Valérie CANTALOUBE (Comportementaliste pour chien et chat)
Site source : valeriecantaloube.com